Historiquement, l’alpha de Cronbach (α) a été la mesure de référence pour la fidélité (consistance interne). Les conditions d'application pour cet indicateur sont cependant rarement respectées dans la pratique (modèle non tau-équivalent, échelles multidimensionnelles). D'autres solutions ont été développées. Le coefficient oméga de McDonald (ω) est une alternative plus robuste (Watkins, 2017) et surtout permet des estimations plus précises concernant les échelles multidimensionnelles.
Principe
Le calcul est plus complexe et aucune formule ne sera donnée dans cette introduction. La mise en oeuvre nécessite d'avoir des hypothèses sur les relations entre scores observés sur les items et les facteurs sous-jacents "expliquant" ces scores. Le calcul de ces coefficients (il y en a plusieurs) suppose l'utilisation de l'analyse factorielle qui seront présentés en fin de ce manuel. Si l'on prend l'exemple d'une échelle multidimensionnelle, et d'un simple modèle hiérarchique (le plus fréquent), la variance totale du test se décompose ainsi (Revelle, 2016) :
✓ un facteur général (variable latente) source d'une variance commune à toutes les variables mesurées ;
✓des facteurs de groupe (variables latentes communes à certaines variables ou items mais pas à toutes). Ces facteurs sont sources d'une variance commune aux items ou variables des sous-échelles) ;
✓des facteurs spécifiques avec une variance unique à chaque variable mesurée ;
✓une erreur aléatoire
Les deux dernières sources de variation ne sont pas différenciées dans les modèles et sont sources de ce qui constitue la variance résiduelle. On utilise aussi, quand on les regroupe, d'un facteur d'unicité ("uniqueness" en anglais). Plusieurs variantes du coefficient ω peuvent être calculées.
Une famille de coefficients Omega
Omega Total (ωT) : ωT est similaire à α (sans les défauts) et peut être interprété de la même manière. Des valeurs ω élevées indiquent un composite multidimensionnel global fidèle mais cet indicateur ne permet pas de différencier la précision des scores totaux et des scores des sous-échelles.
Omega scale (ωs) : dans une échelle multidimensionnelle on peut calculer ω pour chacune des sous-échelles à l'aide de la même logique de calcul que ωT . Il s'agit alors de la proportion de variance totale d'une sous-échelle attribuable à la fois au facteur général et au facteur de groupe associée à cette échelle). Cet indicateur s’interprète de la même façon que le coefficient α mais ne permet toujours pas de distinguer la précision du facteur général et du facteur de groupe.
Pour conclure
L'analyse de ces coefficients peut parfois déborder le cadre de la fidélité, et pour le praticien psychologue lui permettre d'avoir une information sur la validité de sa pratique. En effet, lorsque l'on utilise une échelle multidimensionnelle et qu'au delà du score général, ce sont les sous-dimensions qui intéressent, il faut comparer ωs et ωhs car selon les valeurs observées, au delà de l'information sur la fidélité, on peut s'interroger sur la pertinence de cette sous échelle si ωhs et très inférieur à ωs.
On tient enfin à souligner que le développement des programmes statistiques comme le logiciel R (R Core Team, 2025) facilite l'utilisation de ce coefficient et permettent actuellement une utilisation plus régulière en lieu et place de l'alpha de Cronbach. Malheureusement cette pratique n'est pas encore généralisée en 2025 dans les manuels des tests psychologiques.
Pour aller plus loin
Il existe d'autres coefficients que le coefficient ω. Par exemple, le coefficient H de Hancock et Mueller (2001). C'est un indicateur utilisé principalement en analyse factorielle confirmatoire (AFC) ou en modélisation par équations structurelles (SEM). Alors qu'un coefficient hiérarchique oméga représente la corrélation entre un facteur et un score composite, H indique dans quelle mesure une variable latente particulière est représentée par ses indicateurs. Il est considéré comme une mesure de la fidélité ou de la reproductibilité du concept. Lorsque sa valeur est faible, la variable latente n'est pas bien définie par ses indicateurs et il aura tendance à être instable d'une étude à l'autre.
La multiplicité des indicateurs peut paraître source de confusion. Elle permet cependant de relativiser les valeurs trouvées et de s'interroger sur les mesures. Tous les manuels de test devraient proposer plusieurs indicateurs de fidélité à leur lecteur.