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Psychological tests do not measure mental processes directly; rather, they measure samples of behavior which are assumed to reflect those processes. Anne ANASTASI (1997). |
La pratique des tests n'est pas une pratique en aveugle. Dans le domaine de la santé elle s'inscrit dans une démarche clinique pour donner des éléments de réponse à des questions précises posées par le psychologue lui-même, par une institution, par un patient, etc. Le processus d'évaluation (qui comprend les tests) permet de faire une appréciation des forces, des faiblesses, et des particularités des comportements d'une personne tout en tenant compte le fait que les outils d'évaluation sont imparfaits.
En pratique, il faut savoir que certains manuels de test ne comportent pas toutes les données psychométriques utiles pour s'assurer de leurs qualités et il ne faut pas faire confiance en aveugle aux auteurs des tests ou penser qu'un test vendu est forcément fiable (valide et fidèle). Parfois, les informations sont présentes mais il est facile de voir que celles-ci sont erronées ou fausses (même pour des tests édités par des maisons d'éditions connues). Une bonne connaissance des méthodes de construction des tests est donc nécessaire (afin de porter un regard critique sur les outils que l'on utilise).
Au niveau individuel, le psychologue doit limiter les erreurs dans l'interprétation et doit intégrer les caractéristiques psychométriques des tests dans sa pratique. L'utilisation de tests obsolètes ou non valides peut ouvrir la voie à des poursuites en faute professionnelle. Par exemple, aux États-Unis plusieurs cas documentés montrent que l’utilisation de tests psychométriques non validés, obsolètes ou inadaptés, a conduit à des réponses disciplinaires ou juridiques, allant jusqu’à des sanctions, amendes, voire interdictions d’usage, notamment dans le cadre professionnel. En fait, on considère comme faute professionnelle l’usage inapproprié d'un test par méconnaissance entre autres de ces propriétés psychométriques.
Des connaissances théoriques en psychométrie sont donc un des éléments essentiels à une bonne pratique dans le respect du code de déontologie professionnelle, mais aussi et surtout, dans le respect des personnes qui font confiance aux psychologues.
Pour aller plus loin ...
Les biais de l'évaluation subjective
Spontanément nous réalisons au quotidien des évaluations de la taille d'un objet, de la température, du poids, mais aussi des évaluations concernant des caractéristiques comme les intérêts d'une personne, sa personnalité, ses compétences, etc. Toutes ces évaluations sont des évaluations subjectives.
Pour des données comme la taille, la température, nous savons que nos mesures subjectives sont entachées d'erreur et nous acceptons facilement de contrôler ou corriger ce jugement par un instrument de mesure objectif (mètre, thermomètre, etc.). Nous remplaçons même cette évaluation subjective par une évaluation "outillée" si la mesure revêt une importance professionnelle.
Qu'en est-il concernant l'évaluation subjective des processus psychologiques ? L'évaluation des processus psychologiques est plus complexe que l'évaluation de la taille d'un objet et il est donc normal de s'appuyer, lorsque l'on est un ou une professionnelle, sur des évaluations standardisées (tests). En effet, en quoi et pourquoi l'évaluation subjective des processus psychologiques serait plus simple que l'évaluation de caractéristiques comme la taille et le poids ? Avons-nous une meilleur connaissance et expertise dans le domaine psychologique ?
Les chercheurs ont bien entendu travaillés sur l'évaluation subjective. En résumé, on peut dire que pour les processus psychologiques, notre expertise supposée est souvent mise en défaut. Les recherches dans ce domaine ont conduit à décrire plusieurs sources d'erreur de jugement ou d'évaluation, que tous psychologues devraient connaître :
1.l'erreur fondamentale d'attribution. On a tendance à expliquer les comportements d'autrui par des causes internes (la personne) plus que par des causes externes (environnement).
2. Le biais de confirmation. On a tendance à favoriser les informations qui vont dans le sens de nos attentes et de minimiser celles qui les infirment.
3.Nous sommes sous l'influence de nos stéréotypes (croyances relatives associées à des groupes). De nombreuses études ont montré que nos réponses, par exemple, à des questions portant sur une personne sont dépendantes des stéréotypes que l'expérimentateur va activer dans la situation d'évaluation.
4.L'effet de halo. De façon générale, il s'agit d'une perception sélective d'informations allant dans le sens d'une première impression que l'on cherche à confirmer. L'évaluation d'une caractéristique (par exemple : souriant) à tendance à être extrapolé à d'autres caractéristiques (gentil, sympathique, présent, motivé, etc.).
5.L'effet de contraste. Un jugement (une évaluation) est dépendant des jugements (évaluations) effectués auparavant. Par exemple, si on vient de voir une personne âgées présentant des difficultés cognitives majeures, on peut sous-estimer les difficultés cognitives de la personne suivante lorsque celles ci-sont moins marquées.
6.Illusion des séries. Biais de raisonnement consistant percevoir à tort des coïncidences dans des données.
7.etc.
Ces mécanismes sources d'erreurs sont confirmés dans de nombreuses études (Khaneman, 2012) et montrent que les psychologues dans leur pratique professionnelle ne peuvent pas se limiter à une évaluation subjective. Ils se doivent aussi d'utiliser des outils de mesure plus objectifs (cf. aussi à ce sujet les différents codes de déontologie).